mardi 12 juin 2007

Libér(alis)és?

Amis, parents ou simple lecteurs, j’espère que vous allez tous bien. Ici, tout se passe bien. La saison sèche est quasiment finie et nous entrons dans la saison des pluies. Le climat se rafraichit (mais les moustiques se font de plus en plus nombreux) et je dois dire qu'il est plutôt agréable de pouvoir dormir sans continuellement se réveiller pour boire de l’eau. Coté village, il y a une effervescence certaine. C’est le moment le plus important de l’année pour tous les villageois. D’ici au mois d’octobre, ils vont devoir produire leur nourriture pour l’année en espérant que rien de grave n’arrive. Côté ONG, on note aussi une forte mobilisation. Les prochains mois, les hommes, les femmes et les enfants seront tous occupés à la culture. Il leur sera difficile de participer à des activités de développement. Les ONG doivent donc finir tous leurs projets (ou les supendre). Autant dire qu’à Eau-Vive, on ne s’ennuie pas…

Aujourd’hui, j’aimerais partager avec vous quelques réflexions sur la situation économique du Burkina. Lorsque je fais mes courses à Ouga, je suis toujours surpris par la diversité des produits existant. Je n’ai vraiment pas l’impression de me trouver dans un pays sous-développé, mais plutôt au Canada ou en France. Je retrouve les mêmes marques. Coca-cola, Nestlé, Nescafé, Nivéa, Yamaha, Peugeot, etc. Toutes ces marques ont envahis le marché et peu de marques locales ont résisté. Bienvenue dans le monde du libéralisme.

Dans les années 90, la banque mondiale a conseillé (pour ne pas dire imposer) au Burkina Faso de privatiser son économie. Le but étant soi-disant de pouvoir lancer l’économie. Imaginez-vous chef d’entreprise Burkinabè. Vous avez une petite entreprise qui a de l’avenir, mais qui demande encore à grandir. Et là, les marchés s'ouvrent à d’autres entreprises extérieures. au pays. Ces dernières ont surement des dizaines d’années d’expérience, utilisent les dernières techniques de production et de publicité, et sont capables d’investir de gros capitaux. Que pouvez-vous faire? Rien. Impossible de lutter. Pour verrouiller le tout, on s’assure que ces entreprises aient une emprise sur le cadre du marché en « investissant » des capitaux dans le gouvernement. Les derniers scandales que vous avez entendu parlé, comme celui de Elf par exemple) en témoigne.

Aujourd’hui, je marche dans les rues de Ouaga et je ne peux que constater ce que nous avons créé. Une économie occidentale dans un pays qui ne l’ait pas. L’économie locale est presque morte. Seulement quelques miettes sont laissées aux petites entreprises Burkinabè (D’ailleurs si une de ces entreprises marche trop bien, pas de problème on l’a rachète, comme çà a ètè le cas pour la compagnie téléphonique publique ONATEL). Le seul espoir des habitants est dans une économie parallèle, l’économie du développement. Les Burkinabès ne rêvent plus de monter leur entreprise, mais leur projet de développement en s’appuyant sur les ONG. Là au moins, il y a une ouverture car de gros capitaux sont investis (pour compenser?) et le contexte est plus clément. Quand je suis arrivé au Burkina, j’avais été frappé du nombre de personnes qui me parlaient de leur projet de toutes sortes (On m’a même récemment présenté des projets d’album de musique qui devait « sensibiliser » la population sur différents problèmes de la société Burkinabé). Maintenant je comprends mieux.

Certains diront qu'il faudrait une révolution des peuples pour changer cette dynamique. Personnellement, je pense que c'est dans les mentalités que tout doit se dérouler. Il nous faut ouvrir les yeux sur ce que nous avons créé et identifier ou, nous, simple citoyen, pouvons avoir un petit impact. Mais peut-être préférons-nous fermer les yeux? Chacun à ses raisons et il faut les respecter. Mais n’oublions pas qu’au-delà des frontières multiples que nous avons dressées, nous resterons toujours des hommes et donc des citoyens du monde. À nous de nous comporter comme tel.



Florian



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La photo du jour : Et oui, j'élève une poule et un coq ! Quelqu'un peut m'aider pour les prénoms?