Eau du Nord, or du Sud
Je suis originaire d’une petite région de l’Est de la France appelée Franche-Comté. Lorsque j’y pense, une chose me revient toujours à l’esprit: le vert des paysages. Les arbres, les plantes, toutes reflètent le succès de la nature dans cette région. Mais alors, qu’est ce qui explique cette si grande différence avec le paysage burkinabè? Et bien tout simplement la présence d’eau en grande quantité. Depuis tout petit, j’ai toujours consommé en grande quantité l’eau. L’hiver, c’était de longs bains mousseux pour me détendre. L’été, c’était de continuelles batailles d’eau avec mes amis et mon cousin. L’eau était pour moi quelque chose qui n’avait pas vraiment de valeur puisqu’abondant et si peu chers. J’ai grandi avec cela à l’esprit. Mais voilà, depuis que je vis ici, tout a changé.
Lorsque je suis arrivé au Burkina Faso, je me suis rendu compte à quel point ce pays était sec. Imaginez de grandes plaines peuplées de quelques arbres et dorée par le soleil. Finis les grandes forêts francomtoises pleines de champignons, les étangs pour se baigner, la neige pour skier. Ici, c’est le jaune qui prime, et je peux vous dire que c’est tout un changement. Il faut continuellement boire des litres d’eau pour éviter la déshydration. Mais heureusement, j’ai facilement accès à cette ressource car j’ai de quoi vivre et, à Ouagadougou, il y a toujours de l’eau à proximité. Je me considère donc bien chanceux. Mais, il y a tout de même une chose que je n’arrive pas à comprendre. Comment les burkinabè des régions plus isolées font-ils pour accéder à cette ressource si précieuse? Les ONG ont pour rôle d’améliorer l’accès à l’eau dans ces régions, Eau-vive en particulier. J’ai donc eu la chance depuis quelques missions de pouvoir côtoyer ces populations plus vulnérables que les autres. La norme exige un point d’eau pour trois cent habitants. Mais dans ces villages, nous sommes bien loin du compte. D’après ce que j’ai pu observer jusqu’à présent, on compte un point d’eau dans les villages les plus chanceux. Mais attention, ici la disposition des villages est très différente de chez nous puisque les maisons (ou plutôt communautés familiales) sont vraiment très distantes les unes des autres. Comptez au minimum 400m entre chacune d’entre elles. Les femmes et les enfants, en tant que responsables de l’approvisionnement en eau du foyer, doivent alors parcourir près de quatre kilomètre chaque jour pour se rendre jusqu’au puit le plus proche. Notez que le retour se fait à plein (en général deux sauts remplis!) et souvent sous une chaleur étouffante (à titre d’exemple, en ce moment nous ne sommes pas loin des 45 degrés…). D’ailleurs, j’espère que vous avez tous eu la chance de pouvoir suivre le reportage de France 2 de jeudi dernier sur ce petit village isolé nommé Débanga. C’est une très bonne illustration du calvaire que vivent ces populations juste pour s’approvisionner en eau (Vous pouvez toujours le voir sur : http://jt.france2.fr/20h/). Vous avez tout comme moi du remarquer leur regard, çà en dit long... Il n’est donc pas étonnant que l’eau a une valeur énorme pour ces populations, et en particulier socialement. D’ailleurs, lorsque l’on se rend dans ces villages, c’est toujours de l’eau que l’on nous offre pour nous accueillir, plus de grands sourires bien sûr.
Un ami franco-canadien m’a écrit cette semaine pour savoir quels gestes du quotidien pourraient avoir un impact positif sur la vie des gens. Concernant l’eau, je pense que le plus important est de prendre conscience de sa valeur et de ce que certains humains endurent juste pour en boire une goutte. Depuis que j’en ai pris conscience, je peux vous dire que j’ai bien changé mes habitudes de vie avec l’eau, en particulier en ce qui concerne ma douche (un demi-sceau et je suis même encore plus propre qu’avant!). Plus globalement, je pense que nous devons prendre un tournant politique. À travers notre droit de vote, nous, citoyens français ou canadiens, avons un pouvoir de créer le changement et de montrer notre soutien à ces nations délaissées. Dans quelques semaines, en France, nous aurons la possibilité de nous exprimer. L’avenir des ces nations est en partie entre nos mains. Il est donc crucial de bien comprendre ce que les candidats proposent en s’interrogeant sur l’impact que ces propositions peuvent avoir sur les pays du Sud. Il nous faut ouvrir les yeux et ne plus continuer à vivre volontairement dans une petite bulle d’ignorance. Nous devons devenir des citoyens du monde et non se préoccuper que de nos intérêts personnels. Car n’oublions pas, nous ne sommes à l’abri de rien. Il n’est pas impossible que la situation climatique mondiale si instable ces dernières années se dégrade dramatiquement jusqu’à s’inverser. Nos territoires deviendraient secs et infertiles. Souhaiterions-nous alors être soutenu par nos cousins africains ?
J'attends vos réactions.
Florian
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Les vidéos du jour:
'Danse des femmes - Kiétou.MPG', 'Danse du village - Kiétou.MPG' et 'Journée Mondiale de l'Eau - Burkina Faso (trop fort).MPG' . Vous les trouverez sur: http://www.esnips.com/web/Videosphotos/ (cliquez sur 'Next' en bas de la page pour voir les autres vidéos).
La dernière est vraiment trop bonne! Pour situer Kiétou, cliquez sur la carte ci-dessous.
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La dédicace du jour : à TOM
cette semaine je suis aller visiter la famille d'un de mes collègues de travail. Sur la route, il m'a mis de la musique. Devine c'était quoi? (trop facile)